CHANLON Suzanne

CHANLON Suzanne née 21 mars 1921
Réseau GALLIA
CHANLON Suzanne

CHANLON Suzanne

Suzanne née le 21 mars 1921 est originaire du Nord. En 1938 elle rentre en qualité de secrétaire auprès d’un des Directeurs de la Chambre des Houillères du Nord et du Pas-de-Calais. Elle a tout juste 17 ans, elle rencontre chez des amis de ses parents, le maréchal des logis Roger CHANLON. Ils se fiancent en 1939. En 1940, c’est l’exode avec ses parents…puis le retour dans leur demeure à Douai après l’invasion ennemie. Elle décide de rejoindre son fiancé qui se trouve à Moulins-sur-Allier mis en congé d’armistice et affecté au ravitaillement général de l’Allier. Ils se marient dans la Nièvre, lieu de résidence des parents de Roger.

Immatriculée 65109 – secrétaire du secteur de Bourges

Fin 1942, son mari est affecté à l’Intendance à Bourges.
Suzanne, mère d’un enfant de 15 mois et en attente d’un second, signe avec son mari son contrat d’engagement sans hésitation. Elle devient ainsi agent de renseignement P1, sous le matricule 65109 et secrétaire du lieutenant MENNETEAU Georges, chef du secteur couvrant le Cher, la Nièvre et une partie du Loiret. Son mari est responsable du sous-secteur de Bourges.

Périodiquement, le chef de secteur convoque les responsables des sous-secteurs au secrétariat – chez les CHANLON – pour leur communiquer les instructions verbales venant du chef de Région. Ces réunions se font en principe tard, le soir, et Suzanne est chargée de faire le « guet » pour pallier à toute indiscrétion. Les comptes-rendus des renseignements fournis par les agents sont regroupés par le chef et dactylographiés par Suzanne, souvent jusqu’à des heures avancées, pour que l’agent de liaison, qui les attend, puisse partir avec les éléments. Le travail est considérable et exécuté dans des conditions de tension extrême. Outre la charge de travail, le délai d’exécution, la tenue de réunions dans la nuit, le bruit de la machine à écrire, loin d’être anodin, fait peser une réelle menace de visite inopinée extérieure…

Suzanne est à ce titre :
Chevalier dans l’Ordre du Mérite
Croix des Combattants Volontaires 1939-1945
Croix des Combattants Volontaires de la Résistance
Attestation aux FFC par le Général DEJUSSIEU-PONCARRAL
Diplôme d’Honneur « Soldat sans uniforme des Forces Françaises Combattantes »
Titre de reconnaissance du Ministère des Anciens Combattants.

CHANLON Roger
Il est né le 5 août 1918 à La Machine, une petite ville nichée au coeur du Nivernais, dans le centre de la France. Fils unique, il passe une jeunesse sans problème, au milieu des siens, convaincu que, comme tout un chacun, il travaillera le jour venu dans l’entreprise locale. Sa passion, c’est la musique. Il est premier saxo et soliste dans l’harmonie des Houillères et pratique avec justesse le violon.

Finalement, à 18 ans, il décide de s’engager pour trois ans au 15éme Régiment d’Artillerie de Douai où il est nommé maréchal des logis en 1938. C’est cette année qu’il rencontre, chez des amis communs, celle qui va devenir son épouse et avec qui, il formera, pendant 66 ans une équipe soudée et indissociable : Suzanne LEGROS.

Il prend part aux batailles de la Dhyle à Gambloux, comme artilleur (mai 1940) et à celle de Dunkerque (28 mai au 3 juin 1940). C’est là qu’il perd son saxo, enfoui par les bombardements dans le sable mouvant. Il embarque à Dunkerque sur le « Nivôse » AD 64 au milieu des mines. Après une escale de trois jours à Ramsghate, il réembarque à Plymouth, en direction de Brest (arrivée 6 juin 1940). Affecté au 24ème Régiment d’Artillerie (août 1940), son unité n’est pas comptabilisée dans les 100 000 hommes autorisés par les Allemands. Roger CHANLON est mis dans une « batterie à la suite » et mis en position de congé d’armistice.
Affecté au ravitaillement général de l’Allier à Moulins sur Allier en qualité de contrôleur des stocks, il entretient, dans le cadre de cette fonction, des relations soutenues avec la plupart des commerçants de la région. Il retrouve sa fiancée qu’il a fait venir, et se marie. Au cours de cette période, il suit un stage d’intendance puis est affecté à l’intendance militaire de Bourges (août 1943).

En 1943, la visite inopinée d’un ami Henri DIEU de Moulins-sur-Allier, agent P2, chef de sous-secteur de Moulins du réseau GALLIA, accompagné de deux personnes, va faire basculer Suzanne et Roger dans l’action clandestine. Connaissant bien leurs idées patriotiques, cet ami vient présenter deux agents P2 : le commandant PESLIN chef de la Région 6 (Centre) et le lieutenant MENNETEAU son adjoint, du réseau GALLIA (réseau de renseignements militaires situé en zone libre). Ces derniers sont à Bourges pour lancer une nouvelle organisation destinée à couvrir le département du Cher, en zone occupée. Au cours de l’entretien, ils décident d’un commun accord, que le chef de secteur serait installé dans un hôtel au centre de Bourges et que le secrétariat se tiendrait au domicile des époux CHANLON. Après une mise à l’épreuve de plusieurs mois, le chef de secteur, le lieutenant MENNETEAU leur propose de contracter un engagement dans les services de renseignement du B.C.R.A. (Bureau Central de Renseignement et d’Action) à Londres, conformément aux instructions du décret n°366 pris à Londres le 23 juillet 1942, par le Général de GAULLE. Ils deviennent agents P1, sous les numéros 65108 et 65109. Roger prend la direction du sous-secteur de Bourges et Suzanne assure les fonctions de secrétaire du chef de secteur. De très nombreuses actions de renseignements ont ainsi été montées dans la clandestinité, dans des conditions de risques élevés… Ces actions se prolongeront bien au-delà de la Libération car il existera encore des noyaux de résistance allemands, cachés, soumis et ne voulant pas se rendre au maquis.

En 1944, Roger passe avec succès le concours d’admission à l’école d’officier du matériel à Bourges et rentre comme élève aspirant. Il est nommé sous-lieutenant en 1949, puis lieutenant en 1951. Il est affecté en 1951 à l’inspection technique du matériel d’artillerie au Ministère de la Défense à Paris. En octobre 1952, il est désigné pour l’Indochine.
Père de deux jeunes enfants âgés de 12 et 10 ans, les nouvelles arrivent au compte-goutte. La presse relate les conflits et énumère quotidiennement la liste des morts et des blessés. Roger occupe, au Tonkin, une fonction particulièrement exposée : il est responsable du Service chargé de réparer et de remettre en état les matériels. Ses déplacements sur les théâtres d’opérations sont incessants avec prises de risques élevées.
De retour en France, après 27 mois de séparation, la famille se reconstitue. Il est affecté comme professeur des matériels d’artillerie à l’École Supérieure et Application de Fontainebleau. Il est nommé capitaine en 1963, puis prend le commandement de la Compagnie de Commandement et des Services de l’École.

Parmi les distinctions obtenues durant sa longue carrière, Roger est :
Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur
Chevalier dans l’Ordre national du Mérite
Croix des Combattants Volontaires de la Résistance
Croix de Guerre 1939-1945 avec deux citations :
Croix de Guerre T.O.E. avec deux citations
Médailles d’Indochine – de la Coloniale – de Flandres-Dunkerque 1940 –
Attestation d’appartenance aux Forces Françaises Combattantes
Diplôme d’honneur « Soldat sans uniforme des Forces Françaises Combattantes ».

Comment dissocier la vie de notre père de celle de notre mère ? leur complicité n’a pas été seulement affective ; toute leur vie, ils ont agi ensemble, unis dans l’action… »
Son fils, Jacques Chanlon