PUPILLO Dominico Massimo

PUPILLO Dominico Massimo
Réseau GALLIA-RPA
PUPILLO Dominico Massimo
© Lucas BALBO documentaliste et journaliste de cinéma
http://artclips.free.frLB-cv.htm

PUPILLO Dominico Massimo
Né en 1922 (à confirmer) à Rodi Garganico Foggia (Italie)
Agent de renseignement du Réseau GALLIA
Immatricule O.I (étranger) – pseudo « Pierre Marigny »
Secteur « Œillet » Départements Vaucluse et Bouches-du-Rhône

Étudiant, il se prépare à la carrière diplomatique

L’Italie entre en guerre le 10 juin 1940 contre la France aux côtés de l’Allemagne nazie. Elle fait de même vis-à-vis du Royaume-Uni.

« Pupillo Dominico devient officier italien. Lieutenant d’artillerie, il quitte l’armée italo-allemande en septembre 1943.
Il entre en France pour prendre contact avec les maquis. Il est alors incorporé à la police du maquis à Saint Jeoire (Haute-Savoie) sous le commandement du capitaine LACHENAL. Il est blessé par 3 balles en combat à Saint Jeoire, il est hospitalisé à Sallanches. Gardé par la gendarmerie française, il s’évade le 4 décembre 1943 avec l’aide de ses camarades du maquis.
Il entre dans la Centrale du Réseau GALLIA au P.C. à Lyon.
Sous les ordres du capitaine Jacquart Jean, immatriculé 23 200, pseudo Claude, chef du secteur « Œillet » Vaucluse et Bouches-du-Rhône, l’agent PUPILLO donne le maximum d’informations malgré les dangers qu’il connaît en fréquentant ses anciens camarades pour obtenir des renseignements à la source. Il échappe de justesse à Arles à la Gestapo. Il se cache quelques jours à Marseille et recommence son action en fournissant de nombreux et précieux renseignements.

Parlant aisément plusieurs langues, très cultivé, cet agent est une recrue de choix. Il serait bon que la France s’attache cet officier qui, après son pays, aime le nôtre profondément.
Il prend à la Libération, le commandement d’un Commando italien contre l’Allemagne.

Il mérite une récompense exceptionnelle en raison de sa qualité d’étranger et des services qu’il a rendus.
Le capitaine Jacquart Jean – Chef du Secteur « Terre » des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse immatriculé 23 200 ex. 225 – pseudo Claude – signé – daté du 7 septembre 1944 »
Source : Amicale Mémoire du réseau GALLIA – SG national Jacques Dieu

Extraits du mémoire de JACQUART Jean écrit en novembre 1967
Où il est question de l’agent italien « O.I. »

« … Pendant le mois de février 1944, l’activité s’accrut …
Lors de sa visite, le colonel ( Dreyfus Roger « Dubreuil » 20200 ex. 100 – chef de la Région Sud-Est ) m’avait appris l’arrivée prochaine d’un autre agent « P.l. »
– Il s’agit de O.I., me dit-il. C’est le pseudo d’un jeune officier italien qui a quitté l’armée italo-allemande en septembre 1943. Il a conservé sur la côte méditerranéenne des « contacts » avec ses camarades. Je l’affecte à votre secteur. Vous utiliserez au maximum ses relations. Il nous a donné des preuves de sa sincérité. Il est recherché par 1’O.V.R.A. et par la Gestapo. Il arrivera dans quelques jours. Tenez-nous au courant.
La question primordiale était, à mon avis, de mettre cet homme en « sécurité relative ». Je profitai de la circonstance pour réitérer ma demande d’une « chambre de service » nécessaire pour les agents de passage, à plus forte raison pour un agent sédentaire. Elle me fut promise par mon patron. Trois jours plus tard, O.I. arrivait et je n’avais toujours pas la clé d’un abri pour lui. Que faire? Il se faisait tard. Son visage, son allure très jeune augmentaient pour lui le danger de se faire repérer. Il parlait bien le français, mais son accent ne pouvait tromper sur sa nationalité. Ajoutez à cela quelques « ma… ma… » dont il n’avait pu se défaire…
Nous parlâmes en nous promenant lentement. En quelques phrases, i1 me mit au courant de ses aventures.
J’étais lieutenant dans l’armée italienne. Je me suis battu en Lybie, mais je n’ai jamais accepté en moi de me trouver sous commandement allemand. La politique mussolinienne est néfaste à mon pays. En septembre 1943, j’ai pris contact avec le maquis de Saint-Jeoire en Haute-Savoie. Je me suis mis aux ordres du Capitaine Lachenal. J’ai été incorporé au maquis. Lors d’un engagement en novembre 1943, blessé aux jambes par trois balles, je fus hospitalisé à Sallanches et gardé à vue par des gendarmes français. Avec l’aide de mes camarades du maquis, je me suis évadé en décembre 1943. En raison de mes blessures pas tout à fait cicatrisées, je boite un peu. On m’a affecté à votre secteur.
– Souffrez-vous en marchant?
– J’ai un peu de gêne, mais cela va aller…
– Avez-vous gardé des contacts?
– Oui, mais il y a longtemps que je ne les ai pas rencontrés.
– Il faudra être prudent pour le moment. Vous m’êtes très sympathique. Vous avez donné des preuves de votre attachement à la France. Ce que vous avez contre vous, c’est votre jeunesse et votre maintien. Vous attirez l’attention sans le vouloir. Vous avez une carte d’identité en règle, bien sûr?
– Oui, avec la profession d’électricien.
– Vous y connaissez quelque chose?
– Oui, un peu, mais je ne peux pratiquer ce métier.
– Je m’en doute. Nous essayerons de trouver autre chose. Pour- l’instant il faut parer au plus pressé. Vous ne pouvez coucher dehors et je n’ai pas actuellement de chambre de service
disponible. Demain nous aviserons avec le patron. Pour ce soir, je vous emmène chez moi. Vous vous y reposerez. Demain nous verrons plus clair…
Nous allâmes dîner a mon petit restaurant habituel. Nous parlâmes peu. Au couvre-feu à 20 heures, nous rejoignîmes ma chambre. Je lui indiquai sa place dans le vaste lit que j’occupais habituelle-ment.
– Dépêchez-vous de dormir, vous en avez grand besoin. Je vais prévenir les propriétaires de votre présence, car ils nous ont certainement entendu rentrer… En principe, vous ne craignez rien ici… »
Par la suite, j’ai appris que ce jeune homme avait 23 ans. Diplômé des sciences politiques, il avait déjà parcouru dix pays étrangers et connaissait sept langues à peu près correctement. Après la libération de la Provence, il désirait poursuivre la lutte et entrer en Allemagne à la tête d’un commando italien. Je ne sais s’il a pu réaliser son projet. D’une valeur exceptionnelle, plus méritoire encore quand on pense à son jeune âge (mais aux âmes bien nées… ), il fut un des meilleurs éléments de ma région, ce ne fut pas sans mal ni péripéties.
Je prévins mes propriétaires que j’étais obligé pour la nuit d’héberger un de mes agents qui venait d’arriver inopinément : « Il doit repartir demain ». Je n’en étais pas si sûr que cela, mais il fallait bien que je les rassure.
Ils acceptèrent cet arrangement avec leur gentillesse habituelle malgré l’inquiétude que je sentais poindre en eux.
Dès le lendemain, j’allai à la boite d’urgence demander un rendez-vous avec mon patron. Avant de partir je recommandai à O.I. de ne pas bouger de la chambre et de ne pas ouvrir les volets.
Comme d’habitude, la liaison avec le patron fut rapide. Je lui expliquai la question logement et mon embarras. Il me promit de faire le nécessaire au plus tôt. Il n’avait pas encore trouvé quelque chose de sûr. C’était assez difficile. Je lui fis part de mes pensées :
– Il y a quelque temps Martin m’a dit que l’on pouvait trouver à Arles des chambres tranquilles chez des particuliers. De plus il voudrait, si possible, avoir un camarade pour l’aider. Pourquoi n’enverrions-nous pas O.I. à Arles? Il ne marche pas encore très bien. Il pourrait faire lui-même les calques avec l’aide des renseignements que lui apporterait Martin qui connaît bien la région et se reposer un peu. J’ai rendez-vous avec Martin cet après-midi aux Réformés. S’il a la possibilité de loger O.I., il pourrait l’emmener quelques jours avec lui. Dès que nous lui aurons trouvé un gite à Marseille, nous pourrons le faire revenir. J’y vois également un autre avantage : si la Centrale déplaçait Martin, O.I. connaîtrait les correspondants de son camarade et pourrait le remplacer sur place provisoirement.
– Oui, vous avez raison. De plus, si nous laissons O.I. à Marseille, il est à craindre qu’il ne commette quelque imprudence pour reprendre au plus tôt le contact avec ses camarades. Étant donné les recherches dont il est l’objet, il faut qu’il agisse avec beaucoup d’attention et nous devons modérer ses impatiences et celles de la Centrale. Faites le nécessaire dans ce sens. Je vais rendre compte à Valence de l’utilisation provisoire d’O.I.. Cela vous laissera un peu de marge de temps pour trouver la chambre de service. Je m’en suis déjà occupé sérieusement, mais jusqu’à présent sans résultat.
– Espérons, patron, que ce sera rapide maintenant.
– Je nous le souhaite à tous les deux. La santé, comment ça va?
– Assez mal, merci. Mon esprit et mon corps sont fatigués. Quelques jours de repos me feraient du bien… mais quel engrenage…
– J’ai un moyen de vous retaper. Ce soir à 6 heures, trouvez-vous dans un café à côté de la Préfecture. (Il m’en indiqua le nom que j’ai oublié depuis longtemps). J’y serai avec un homme assez jeune, c’est un toubib. Je rentrerai avec lui quelques instants dans ce café, puis il viendra vous rejoindre. Vous lui exposerez ce que vous ressentez. Il pourra peut-être quelque chose pour vous.
Je remerciai mon patron de sa sollicitude et je ne refusai pas sa proposition.
L’après-midi, accompagné de O.I., je retrouvai Martin au rendez-vous habituel. La connaissance entre les deux jeunes gens fut vite faite. Ils étaient à peu près du même âge et je pouvais croire qu’ils s’entendraient volontiers. Martin m’affirma qu’il n’y aurait aucune difficulté pour le couchage. Ils prirent le train pour Arles après avoir reçu et compris, je l’espérais, mes ultimes recommandations.
…………..

Trois ou quatre jours après « l’embauchage » de O.I. à Arles, j’eus en rentrant rue Thomas une sur-prise assez grande. Madame Poletti, ma propriétaire, était inquiète :
– Le jeune homme que vous avez amené avec vous l’autre jour est revenu. Il a l’air contrarié. Il vous attend depuis longtemps.
– Merci, ne vous inquiétez pas, je vais le voir.
Il se leva dès qu’il m’aperçut. Il avait l’air fatigue.
– Que vous est-il arrivé et pourquoi ce manquement à la règle de ne pas vous rappeler l’endroit où vous étiez venu?
– Il y a eu un incident assez grave. J’ai failli être arrêté. Il s’en est fallu de peu.
– Expliquez-moi…
– Martin m’avait trouvé une chambre dans un hôtel un peu écarté de la ville, sur la rive du Rhône. C’était un peu une boite. La police allemande semblait fermer les yeux. L’ensemble était tranquille. J’avais caché dans l’armoire de ma chambre une carte au 1/50 000ème que vous m’aviez confiée et sur laquelle j’avais déjà porté quelques indications. Pendant mon absence, une descente de police, rafle ou autres a trouvé ce document. Parmi le personnel de l’hôtel, une serveuse a compris que je serais arrêté dès que je rentrerais. Elle a réussi à me prévenir après avoir guetté mon arrivée pendant longtemps le long du Rhône. Je suis parti immédiatement à la gare où j’ai eu la chance de prendre un train de passage. J’ai laissé ma bicyclette, mon imperméable et excusez-moi, mais je ne pouvais venir que chez vous.,-
– Et Martin?
– Je ne l’ai pas revu, mais il doit être libre. Il ne couchait pas là.
– Je dois le voir bientôt. Pour vous, vous allez rester ici jusqu’à nouvel ordre. Je vous interdis formellement de sortir. Demain matin, je dois partir pour un ou deux jours. Je vous prie de ne pas ouvrir les volets. Il y a des logements en face, je ne veux pas que l’on connaisse votre présence. Je vais essayer de persuader les propriétaires qu’il n’y a rien d’inquiétant. Il est préférable que vous restiez ici jusqu’à mon retour. Ils vous feront sûrement manger avec eux et vous rapporteront les commissions dont vous pourriez avoir besoin. Je compte sur votre obéissance. Je vais aller rendre compte au patron et avec son aide nous pourrons vous dépanner.
Comme je le prévoyais, la propriétaire et son mari ne firent aucune difficulté. Il y avait tout de même de l’inquiétude dans l’air. Je ne pouvais rester sur cette impression. L’histoire qui venait d’arriver à O.I. semblait tenir debout, mais – je lui en demande pardon – sait-on jamais? Je voulais avoir confirmation de ces incidents. Avant, je me devais d’en rendre compte au patron.
Alerté par la boîte d’urgence, je le vis arriver assez rapidement. En marchant, je lui exposai ce qui s’était passé.
– J’ai envie d’aller à Arles pour contrôler si ces faits sont vrais.
– N’allez pas vous mettre dans la gueule du loup.
– Non, bien sûr. J’ai l’idée d’emmener Goria avec moi. Il s’est cassé accidentellement un bras pendant l’un de ses voyages à Toulon. Je le vois chaque semaine. Son bras s’est bien remis. Il est encore au repos pour quelques jours. Pendant ce repos forcé, il m’a donné de très bons renseignements et a pris de nouveaux contacts. C’est un gars très bien. Sa carte de la police mobile lui ouvre toutes les portes ou presque. Je vais aller le voir. Je suis persuadé qu’il me sera très utile pour ce voyage.
Le patron acquiesça.
– J’ai d’ailleurs une autre raison d’aller à Arles. Comme vous le savez, par ordre de la Centrale, je dois prendre contact avec un architecte de cette ville. Il doit me remettre des calques intéressant la région de Nîmes et organiser un rendez-vous pour que je puisse faire connaissance avec son correspondant. Par ailleurs je tenterai d’y rencontrer Martin. Je crois que cela ira. Nous partirions par un train du matin. Nous serions à Arles vers 8h30. Nous pourrions repartir vers 10h30 et être de retour vers midi. Entre temps, je vous demande instamment de me trouver une chambre de service.
– Oui. Je pense y réussir cet après-midi ou demain.
– Merci patron, je vous rendrai compte dès mon.retour.
– Au revoir Claude, ce n’est pas encore le moment des imprudences.
Je me rendis chez Goria. Après lui avoir donné quelques explications sur les raisons de ma sortie du lendemain, il fut immédiatement d’accord pour m’accompagner. Nous prîmes rendez-vous en gare Saint-Charles pour le lendemain matin.
Je rentrai rue Thomas. O.I. avait été sage, mais se morfondait.
– Patience, lui dis-je, le Patron s’occupe de vous, mais ne vous montrez pas, ne sortez pas. C’est impératif. Dès que nous aurons la chambre de service, vous vous y tiendrez jusqu’à ce que je reçoive des instructions vous concernant. En attendant mon retour, reposez-vous et lisez.
Par l’intermédiaire du camarade que j’avais rencontré en achetant mes santons de Noël, j’avais assez souvent des nouvelles des miens, et eux des miennes. Monsieur Rossier continuait avec régularité de me donner tous les renseignements qui lui parvenaient de part et d’autre. Sa femme se familiarisait, assistait parfois à nos entrevues et ses craintes commençaient a lui sembler vaines. Gabin continuait son travail, Yvette ses missions, … O.I. , j’arriverais bien à le caser… Je recevais chaque jour de nombreux renseignements à vérifier, de calques à reporter, de rapports à écrire. Paul, de son côté, était pris de plus en plus… C’était du travail à la chaine. « La joie de l’âme est dans l’action », nous étions bien servis.
……………..
Nous arrivâmes, Goria et moi, vers les 8 heures, comme prévues à Arles. C’était déjà bien, car les trains avaient des horaires assez capricieux. Nous partîmes tous deux repérer l’endroit où se trouvait la maison où O.I. avait élu domicile. Dans ce matin blême et pluvieux, à une centaine de mètres du pont sur le Rhône, le fleuve roulait des flots limoneux. Cette maison isolée face à la rive n’avait pas un aspect très engageant. Volets clos, rien ne semblait bouger. Il faisait très froid.
Nous avions convenu que Goria, muni de sa carte de police, irait frapper à cet immeuble et demanderait si un jeune homme dont il donnerait le signalement avait bien habité une chambre dans cette maison pendant deux jours et si l’on savait ce qu’il était devenu. Il n’eut pas le temps d’en dire autant. Du coin du pont, semblant regarder le fleuve, j’observai ce qui allait se passer. Goria arriva et frappa discrètement. Avant qu’il puisse dire quoi que ce soit de ce que nous avions prévu, la personne qui vint ouvrir lui dit sèchement : « Non, monsieur, il n’y a aucune chambre disponible puis, de sa main qu’elle tenait plaquée sur sa poitrine pour tenir son châle, elle lui fit un signe presque imperceptible et ses yeux lui servirent de langue. Goria n’insista pas, dit qu’il regrettait, me rejoignit dans une petite rue après le pont, hors de toute vue de la rive. Tout s’était passé comme je l’avais observé. Il n’avait pu être question de demander où était l’imperméable perdu ou la bicyclette abandonnée, quant à la carte « renseignée », elle était évidemment l’élément le plus dangereux en cas d’arrestation. Notre mission n’était remplie qu’à moitié certes, mais nous avions la certitude que quelque chose d’anormal s’était passé. Peut-être en saurions-nous davantage avec Martin?
Pendant que Goria allait se mettre à l’abri dans un café que nous avions repéré à proximité de la gare, je passai à la maison où demeurait Martin. La brave femme qui me reçut me dit : « Il est parti de bonne heure ce matin et il m’a dit qu’il rentrerait assez tard. »
– Ce n’est pas grave, je voulais simplement lui rappeler son rendez-vous à Marseille avec son inspecteur.
Contretemps peu fâcheux puisque je devais le revoir le surlendemain a Marseille et j’étais fixé sur l’incident…
………….
Je rejoignis la rue Thomas. Comme je l’avais prévu, les propriétaires dînaient avec O.I. Il était un peu gêné, me semblait-il. Mon arrivée ranima la conversation. Je parlai à mes hôtes des retards des trains et des difficultés de transport. Je me gardai bien de leur dire la vérité, à quoi bon leur faire peur? Revenu dans ma chambre, je mis O.I. au courant de notre intervention à son ancien domicile. Il n’y avait aucun espoir de récupérer quoi que ce soit. Il ne lui restait qu’une valise, contenant du linge et quelques livres qu’il m’avait demandé, avant son départ pour Arles, de laisser provisoire-ment dans ma chambre, je mis O.I. au courant de notre intervention à son ancien domicile. Il n’y avait aucun espoir de récupérer quoi que ce soit. Il ne lui restait qu’une valise, contenant du linge et quelques livres qu’il m’avait demandé, avant son départ pour Arles, de laisser provisoirement dans ma chambre.
– Je verrai le patron demain pour lui rendre compte de votre situation. Dans l’immédiat il nous faut trouver une chambre. De plus, je lui demanderai une prime exceptionnelle pour que vous puissiez vous munir d’un vêtement chaud. Vous en avez grand besoin. Laissez-vous pousser la barbe. Avez-vous l’impression que vous pourrez renouer sans trop de risques pour vous et pour le Service avec vos anciens amis? Il vous faudra être très prudent!
– Je sais, monsieur. Jusqu’à présent j’ai eu assez de chance (il était vraiment optimiste!) Je crois en certains amis. J’espère pouvoir continuer. Je vous dois déjà beaucoup. Je sais les risques que vous avez pris.
– Bon. Il faut vous reposer. Vous avez un excellent esprit, une grande facilité d’adaptation en effet et un peu de chance… car vous en avez déjà beaucoup sur les épaules…
Selon les habitudes, je partis le lendemain rendre compte au patron. « J’ai trouvé une chambre de service », furent ses premières paroles. Il m’en remit la clé en m’indiquant l’adresse:
– C’est à une dizaine de minutes de la rue Thomas dans un quartier paisible. Elle est située au premier étage d’un immeuble convenable et totalement indépendant. C’est appréciable. Votre voyage a bien marché?
– À peu près. En ce qui concerne O.I., son histoire est exacte. Goria n’a pu insister. Je n’ai pas rencontré Martin, « il vient de sortir, » m’a dit sa propriétaire. Nous pouvons donc conclure que cela va de ce côté, ou à peu près.
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Le temps passait rapidement et les événements dans nos vies apportaient tant d’éléments différents, qu’un problème nouveau effaçait très vite les problèmes précédents. »

Carrière cinématographique de Domenico PUPILLO Lucas Balbo, Avril 2012
C’est peu après la Deuxième Guerre mondiale que Domenico Pupillo fit ses premiers pas au ciné-ma sous l’égide des productions Marcel Pagnol, en tant qu’assistant-réalisateur. Dès le début, Pupillo travailla sous un pseudonyme ce qui rend les recherches sur sa filmographie particulièrement difficiles. Il resta ensuite en France jusqu’au début des années 50, avant de revenir en Italie avec Paulette Farjon qu’il épousera en 1958. Il entame sa carrière de réalisateur en tournant plus de 250 courts-métrages documentaires en Italie.
C’est en 1965 qu’il réalise son premier long métrage, un film d’épouvante noir et blanc intitulé LE CIMETIÈRE DES MORTS-VIVANTS. Le film est cependant signé par le producteur, Ralph Zucker. Pas très fier du résultat, Domenico Pupillo fera 2 autres films d’épouvante (Vierges pour le bourreau et La Vendetta di Lady Morgan) pour le même producteur, sous le pseudonyme anglicisé « Max Hunter ».
Sans être des chefs d’œuvres du 7e art, ce triptyque est fort remarqué par les amateurs du genre et, au fil des ans, gagnera un statut de films « cultes », vus et revus par des générations de cinéphiles.
Au début des années 70, Massimo Pupillo se retire du cinéma commercial pour travailler à la télévision italienne. Son dernier film, le seul qu’il a jugé assez bon pour le signer de son vrai nom, SA JANA (1981) est une fable du XXe siècle, joué par des acteurs non professionnels dans un coin isolé de la Sardaigne. Malgré un succès en festival, SA JANA ne sera pas diffusée en salles et reste quasiment inédite.
Suite à un accident de voiture, il semblerait que Massimo Domenico Pupillo soit décédé à la fin des années 90, sans qu’aucune source officielle lui rendre hommage. En 2012, Lucas Balbo et son épouse Merrill Aldighieri tentent de réparer ce manquement en ras-semblant divers témoignages dans leur documentaire MONDO PUPILLO.
(copyright Lucas Balbo, avril 2012) – http://youtu.be/lejXROrj1-g