VANDERBECQ Raoul

Vanderbecq Raoul

VANDERBECQ Raoul Charles Henri

Date de naissance : 18 mars 1902 à Condé-sur-l’Escaut (Nord).

Marié à Marie-Antoinette Colomb, père de six enfants, dont le dernier né en 1943.

Diplômé de l’École Vétérinaire Militaire de Lyon (1926). Vétérinaire-lieutenant de réserve.

 

Réseau GALLIA : Capitaine G 541, chef de mission de première classe, agent P2.

Date de disparition en service commandé le 2 août 1944 à Pont-la-Dame (Hautes-Alpes).

 

Le Chef du Réseau GALLIA, le Colonel Henri GORCE-FRANKLIN précise dans la citation attribuée au Capitaine VANDERBECQ Raoul, le 10 octobre 1945 :

 » Lieutenant-vétérinaire à Gap, VANDERBECQ Raoul, dès novembre 1942, a obtenu des contacts avec les troupes allemandes de la région. Profitant de sa situation pour pénétrer dans les casernes et cantonnements allemands, il était à même de fournir des renseignements de la plus haute importance sur l’activité ennemie.

Immatriculé au réseau GALLIA en février 1943, VANDERBECQ, quoique père de 6 enfants, n’a jamais hésité de prendre des risques de plus en plus grands pour fournir le maximum de renseignements.

Le 2 août 1944, a profité d’un convoi ennemi pour aller rendre compte de la conduite de la bataille sur la ligne de feu.

Ce convoi ayant été mitraillé en cours de route, VANDERBECQ Raoul y a trouvé la mort, victime de son activité pour le réseau.

 

Tué au cours de l’exécution d’une mission de reconnaissance, le 2 août 1944.

Mort pour la France avec le même courage qu’il a déployé durant tout le temps de l’occupation.

Source D.G.E.R. – Réseau GALLIA »

 

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« Le premier poste de Raoul Vanderbecq en tant que vétérinaire se situe à Gap (Hautes-Alpes) ; le climat convient particulièrement bien à cet homme qui, du fait de quelques actions à la toute fin de la Première Guerre, a conservé des poumons fragiles à cause des gaz. Dès 1939, il est affecté à la 230e Brigade Alpine, sous le commandement du Colonel Paul Lanoyerie (qui deviendra Chef de la Région Est du Réseau GALLIA).

Très vite, il participe à la création d’un réseau dans la région des Hautes-Alpes. Il devient agent de liaison et de renseignements.

Vétérinaire réquisitionné, Vanderbecq doit notamment s’occuper des animaux récupérés dans le département et tenir les meilleurs d’entre eux à la disposition des militaires italiens (conventions de l’armistice). À la demande de Lanoyerie, il dissimule parfois des animaux abattus et procure ainsi de la viande aux Camps de Jeunesse qui s’organisent autour de Gap et qui cachent des résistants et des Juifs. Découvert en septembre 1941, il est condamné à deux ans de prison pour « complicité d’escroquerie et faux en écritures publiques » et il est emprisonné à Montluc (Lyon). Il est libéré le 21 avril 1942, après huit mois de détention.

À son retour à Gap, il reprend ses activités de vétérinaire et de résistant. Parcourant le département ainsi que ceux des Basses-Alpes et de la Drôme, il glane de précieux renseignements et établit des rapports que son épouse tape souvent la nuit. Lorsque le réseau GALLIA se met en place au début de 1943, il reçoit le grade de Capitaine et le matricule G 541. Il est en contact avec de nombreux résistants, notamment Monsieur Barret, secrétaire général de la Préfecture de Gap, ou encore Paul Héraud (Commandant Dumont pour les FFI) ; il rassemble les informations des uns et des autres et les transmet au Colonel Paul Lanoyerie. Son statut de vétérinaire réquisitionné lui permet d’approcher les positions de l’occupant allemand de très près, et sa parfaite connaissance de la langue allemande lui rend de précieux services. Méfiants, les Allemands lui adjoignent un adjudant autrichien qui l’accompagne dans tous ses déplacements et est censé rapporter sur ses faits et gestes. L’homme, Georg Kranavetvogel, se prend d’amitié pour Vanderbecq et sa famille, leur confiant que son épouse et ses enfants lui manquent cruellement. Les archives familiales conservent de nombreuses photographies sur lesquelles on le voit poser avec Vanderbecq et ses enfants, les tenant dans ses bras. En avril 1944, il sera brusquement déporté sur le front russe, et les Vanderbecq n’auront plus jamais de nouvelles.

Au printemps 1944, le colonel Lanoyerie transfère son service à Lyon. Vanderbecq effectue des missions entre Gap, Valence et Lyon, transmet les renseignements qu’il collecte et soigne des blessés dans le maquis. Après le débarquement en Normandie, les liaisons entre Gap et Lyon deviennent de plus en plus impossibles. Les trains n’arrivant plus jusqu’à Gap, c’est souvent le fils aîné de Vanderbecq, Gabriel, âgé de 16 ans, qui lui sert d’agent de liaison en faisant le trajet entre Gap et Veynes en vélo. Vanderbecq cherche désespérément un moyen d’aller à Lyon pour y rencontrer ses chefs de réseau sans toutefois attirer l’attention. Il met au point un stratagème : il infecte volontairement des chevaux réquisitionnés avec la gourme, prétend qu’il ne peut les soigner, car il n’a plus de sérum et qu’il lui faut aller en chercher à l’Institut Mérieux de Lyon. On lui donne l’autorisation de se joindre à un convoi de troupes en partance pour Lyon le 1er août 1944. Il prend la route accompagné de son fils Gabriel, qui a menacé de rejoindre le maquis si son père refusait de l’emmener. Vanderbecq craint une attaque de convoi (de telles actions se multiplient en cette période troublée), mais il est confiant : sa voiture marquée de la croix blanche des vétérinaires est reconnaissable, et chacun sait qui il est dans toute la région. Lorsque les Allemands, extrêmement nerveux depuis le débarquement, veulent prendre des otages civils pour les placer en tête de convoi, Vanderbecq s’insurge et c’est sa voiture qui sert de bouclier.

Le convoi est effectivement attaqué par les F.T.P., sous le commandement du Lieutenant Céard ; il sera dit par la suite qu’ils ne reconnurent pas la voiture, croyant qu’il s’agissait de celle d’un officier. Vanderbecq est tué, non sans avoir eu le temps de dire à son fils, sérieusement blessé à la tête, de « faire le mort ». C’est un paysan qui ramène les deux corps à sa femme, à Gap. Gabriel survit à sa blessure.

Le 6 mai 1946, la famille Vanderbecq reçoit un « Certificate of Service » signé par B. L. Montgomery, Field Marshal et Commander in Chief of the 21rst Army Group.

En 1948, Raoul Vanderbecq est reconnu « Mort pour la France ».

En octobre 1954, il est fait Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur à titre posthume. En 1968, il reçoit la médaille de la Résistance Française, une Citation à l’ordre du Corps d’armée. »

Sources : sa petite fille SophieVALLAS, Professeur de littérature américaine à Aix-Marseille Université – Amicale Mémoire du Réseau GALLIA.